Quel que soit le nom des absent·e·s est une pièce chorale, écrite à partir du plateau, avec et pour 6 interprètes, danseuses et comédiennes autour de la question du deuil et des présences-absences (disparu·e·s, fantômes, non-né·e·s) qui habitent et parfois envahissent nos existences. Rituel contemporain pour célébrer nos disparu·e·s et la vitalité de leurs mémoires dans nos corps, il entend porter plus loin le travail de tressage entre le mouvement, la musique et les mots, mené par la compagnie pour saisir un sujet aussi délicat que puissant. 

 

C’est l’histoire du mouvement

Et des mots qui réparent ;

Qui rappellent aux vivants leur statut, leur place

Qui laissent exister dans l’espace et le temps, la trace de l’invisible qui s’est tue.

​

C’est l’histoire de la fête qui rythme l’existence alors pourquoi pas son terme ?

​

C’est l’histoire d’histoires qu’on bricole pour habiter les trous, les manques.

Pour écrire la fin et revenir au présent.

Pour vivre, tout simplement.

​

C’est l’histoire de femmes qui cherchent et osent se poser des questions.

C’est l’histoire de nos mères qui auraient pu être autres, allégées du poids des hontes, des secrets et de la violence ordinaires.

C’est l’histoire de leurs peines, deuils et colères légitimes, volés par l’Histoire qui n’avance que trop lentement sur la voie de l’équité et de la justice.

​

C’est l’histoire de nos sœurs qui peuvent encore refuser le poids et nettoyer, déconstruire, imaginer.

Et c’est l’histoire de nos filles, de nos nièces, de toutes les filles à naître de mères qui auront fait de leur mieux mais qui devront – encore – défaire les nœuds sans renier les liens.

​

C’est l’histoire de nos silences qui portent toujours les mêmes noms.

Suicides. Abus. Viols. Abandons. Deuil. Adultère. Institutionnalisation.

C’est l’histoire de ceux et celles dont la vie a été marquée au fer de ces fléaux.

C’est l’histoire d’absents, d’absentes, qui avaient un nom avant le sceau du secret.

C’est l’histoire de ceux et celles qui viendront après eux, qui sont là et qui peuvent faire le pas d’après.

 

Alors dépose, raconte, remplis.

Nos histoires, les tiennes.

Emma Pasquer